Laurent Le Bon est enfin à la tête d’un grand musée parisien. Ce jeune quinquagénaire né le 2 avril 1969 d’un père directeur commercial et d’une mère au foyer, vient d’être nommé le 25 juin 2021 président du Centre Pompidou en remplacement de Serge Lasvignes. Un défi immense pour celui qui a grandi à Neuilly sur Seine, auprès d’une famille bourgeoise au sein de laquelle il a développé sa sensibilité artistique.
Très vite, Laurent Le Bon se prend de passion pour l’art et le patrimoine, suivant des études à l’IEP Paris tout en s’inscrivant à l’Ecole du Louvre. Avec ce double cursus en poche, il s’essaie à l’Ecole du Louvre, où il est reçu major au concours des conservateurs de patrimoine.
Un passage de sept ans à Metz
Ses excellents résultats théoriques lui ouvrent les portes d’une grande carrière professionnelle, qu’il débute à la DAP, la délégation aux arts plastiques. Quelques années plus tard, à 31 ans, il devient conservateur au Centre national d’art et de culture Georges Pompidou. Il y reste trois ans avant de se faire confier, en 2003, la responsabilité du projet Centre Pompidou-Metz dont il devient le directeur à partir de son inauguration en 2010. Pourtant, cette année-là, il aurait plutôt aimé la direction d’un grand musée parisien mais il n’est pas retenu lorsqu’il candidate à la succession d’Henri Loyrette à la tête du Louvre.
Il lui faut patienter quatre ans de plus avant qu’Aurélie Filippetti, la ministre de la Culture sous François Hollande, lui propose de revenir à Paris en lui offrant la présidence du musée Picasso. Il y demeure sept années avant d’être nommé président du Centre Pompidou par Emmanuel Macron, un « proche » à qui il servirait, selon certaines sources, de « conseiller officieux » sur la question culturelle. Brigitte Macron, l’épouse du président, apprécierait aussi Laurent Le Bon, qui lui a notamment fait le prêt d’œuvres de Picasso pour des expositions temporaires à l’Élysée.
Un conservateur apprécié face au défi des travaux de rénovation
Élu pour cinq ans à la tête du Beaubourg – l’autre nom donné au Centre Pompidou –, Laurent Le Bon va devoir faire face à un chantier majeur, celui de la rénovation d’une structure vieillissante qui doit faire déménager ses collections pour répondre à un besoin de désamiantage et de réfection. Déjà, Laurent Le Bon envisage de mettre à profit la fermeture programmée de trois ans à partir de la fin 2023 pour partir à la conquête du public francilien en s’exportant « hors les murs », comme il l’a déjà fait lorsqu’il était au Picasso. Il a deux ans devant lui pour plancher sur des partenariats et des idées qui permettront de faire vivre le Centre Pompidou en dépit de sa fermeture.
Au-delà des travaux, la feuille de route que lui a remise le ministère de la culture indique qu’il va falloir penser au musée terminé : « renforcer son rôle au service de la création contemporaine », insister sur la jeunesse et « mettre l’accent sur la qualité d’accueil au sein du bâtiment rénové ». Des objectifs qui n’effraient pas cette personnalité anticonformiste, qui cherche toujours à innover pour placer l’art au cœur de la réflexion. Parmi ses grands faits d’armes, la direction de l’exposition de Jeff Koons au château de Versailles en 2008 ou celle de Takashi Murakami en 2010, toujours à Versailles.
« Novateur, ambitieux et audacieux », selon l’Élysée, Laurent Le Bon incarne pour l’exécutif la clé de la réussite du Beaubourg de demain. Une responsabilité dont l’intéressé se sent parfaitement à la hauteur, lui qui est globalement adoubé par le milieu artistique pour sa capacité à oser et à entreprendre. Un mariage de raison et de passion semble être né : ne reste plus qu’à concrétiser une union que tous qualifient de prometteuse.
Photos : purepeople.com et fonds-culturel-leclerc.fr