Vever, c’est une maison réputée dans le monde de la joaillerie notamment au 19e siècle. C’est aussi le nom de son fondateur Henri Vever et de sa descendance, qui fait aujourd’hui renaître la grande marque de bijoux de la Belle Epoque quarante ans après sa cessation d’activité.
Née en 1821 dans l’Est de la France, la joaillerie Vever s’installe dès 1871 rue de la Paix à Paris. Elle connaît son heure de gloire au début du XXème siècle avec ses bijoux Art nouveau qui enchantent les personnalités et têtes couronnées de l’époque. Henri Vever reste à ce jour une figure importante de l’histoire de la joaillerie grâce à son ouvrage en trois volumes, « La bijouterie française au XIXe siècle », une bible de la joaillerie toujours enseignée aux étudiants en joaillerie.
Les bijoux Vever ont remporté quatre grands prix aux Expositions Universelles du tournant du siècle. Enfin, ils figurent dans les plus grands musées, et notamment au Musée des Arts Décoratifs de Paris. Mais à partir de 1925, la créativité baisse, la maison poursuit son activité de génération en génération, et finit par fermer en 1982.
C’est Camille Vever et son frère Damien, les descendants de la 7ème génération, qui vont lui redonner vie quarante ans plus tard. Ainsi, en 2021, pour son bicentenaire, la maison Vever renaît avec une nouvelle gamme de bijoux toujours aussi enchanteurs.
Une entreprise éco-responsable
Camille a le déclic alors qu’elle est directrice générale d’une société dans le domaine de la recherche clinique. Elle ne connaît pas ce domaine d’activité mais réussit cependant à remettre l’entreprise sur les rails. « A partir de là, je me suis dit si je suis capable de réorganiser cette société, alors que je ne connaissais rien au secteur, je peux relancer la maison familiale » Elle a alors 39 ans.
Camille relance ainsi la joaillerie tout en y insufflant ses propres valeurs. Cela implique une démarche éco-responsable, ainsi que la valorisation du travail artisanal et du savoir-faire français. Elle choisit même un statut d’entreprise à mission : « Je voulais avoir une sorte de statut, de contrainte, de garde-fou ». Pour respecter cela, elle se tourne rapidement vers les diamants de laboratoire et l’or recyclé.
Vever utilise aussi des perles de culture et de l’ivoire végétal mais pas de pierre de couleurs. La couleur est apportée par des émaux teintés travaillés selon la technique complexe de l’émail « plique à jour » très utilisée pendant l’Art nouveau. Une technique délicate confiée à Sandrine Tessier, meilleure ouvrière de France. « Quand vous achetez un bijou pour l’offrir, c’est tellement beau, il y a vraiment cette notion d’amour, de transmission. Pour moi, il fallait que les matériaux reflètent également la beauté du bijou. »
Une production à la commande
Côté création, c’est Sandrine de Laage, la directrice artistique, qui est la gardienne du style Vever tout en y insufflant une touche contemporaine. « Elle a un talent inné pour plonger dans l’ADN de la marque, en faire rejaillir toute sa substance et la faire revivre dans un nouveau contexte » commente Camille. Ce qui représente la maison Vever c’est la période Art nouveau avec ses thématiques : la femme, la faune et la flore. Vever propose aujourd’hui une collection haute joaillerie d’une trentaine de pièces et une joaillerie de soixante-dix pièces. Les créations sont déclinées en trois lignes : Ginko, Elixir, et les créatures fantastiques.
Vever a fait le choix d’un business modèle de production à la commande. Il y a cependant un peu de stock pour les produits qui marchent très forts. La marque possède un espace de 20 m2 au Printemps Haussmann à Paris, qui sert de vitrine pour faire connaître Vever en France. En parallèle, Vever se développe également à l’international.
Photo : lesechos.fr et guide-joailliers.com