Ancien bras droit de Lagerfeld, Vincent Darré a choisi de quitter la mode pour créer des décors et objets inspirés de sa passion pour le surréalisme.
Avec ses airs de dandy, vêtu avec une élégance raffinée, Vincent Darré est la fantaisie incarnée. Après un parcours prestigieux comme styliste de mode, ce soixantenaire, familier de la jet-set, a choisi de se tourner vers la décoration. Il fonde la Maison Darré dans les années 2000. « J’étais devenu trop cynique pour la mode » confie-t-il à Libération.
Curieux, touche-à-tout, Vincent Darré est toujours partant pour de nouvelles aventures, comme participer à un film avec son amie et alter-ego Arielle Dombasle. «Je veux toujours être surpris. Je vois la vie comme un laboratoire. »
La bonne humeur comme art de vivre
Vincent Darré naît dans une famille d’intellectuels, d’un père sociologue et communiste, et d’une mère féministe et bohème. Il est aussi le neveu de Jorge Semprun, grand écrivain et activiste espagnol.
Il étudie la mode au studio Berçot, et débute chez Yves-Saint Laurent, puis enchaîne avec de nombreuses griffes renommées, comme Montana, Prada. Il collabore notamment avec Karl Lagerfeld chez Fendi : «Avec Karl, ça a duré six ans, mais j’aurais pu travailler toute ma vie avec lui. Je n’ai jamais autant ri. C’était une merveille. »
Chez Vincent Darré, la bonne humeur est un art de vivre : « C’est ma défense. Je préfère changer l’ambiance, le monde ou la société en me défendant de cette manière.»
A la fin des années 70, Vincent Darré, en parallèle à ses débuts dans la mode, est un habitué du monde de la nuit, notamment au Palace où il se fait remarquer par ses tenues excentriques. Il fait partie d’une bande de noceurs iconoclastes qui sont souvent devenus ses amis : « Devenir riche et célèbre, à l’époque, on s’en foutait, c’était No Future. En fait, on voulait juste faire n’importe quoi pour se faire remarquer. »
Le design, un amour d’enfance
Le projet de la « Maison Darré » il le porte pendant vingt ans avant de lui donner jour, à l’aube de ses 50 ans. Cette passion pour le design l’habite depuis l’enfance. Dès l’âge de onze ans, il écume les marchés aux puces et collectionne des objets. La maison familiale foisonne d’objets surréalistes qui marqueront à jamais son univers imaginaire.
A la maison Darré, le décorateur expose ses créations, ses collections aux noms teintés d’humour comme « Ossobuco », une série de meubles-squelettes, ou « A l’Eau Dali », des meubles de salle de bains excentriques inspirés de l’univers du peintre. Il y invite aussi ses amis artistes comme Marie Brandolini qui crée des verres signés et numérotés, ou Grazia Eminente avec ses masques lumineux.
Son appartement qu’il a filmé pendant le confinement pour ses abonnés Instagram, est décoré dans un style baroque. Il y a réuni des objets qu’il a chinés et fait restaurer. Il adore mélanger les genres, associant un fauteuil scandinave des années 1950 à une méridienne Directoire, ou encore à un lampadaire de cabinet médical relooké. Pour Vincent Darré, un lieu est réussi quand la notion de décor se fait oublier.
« Dans ce que je fais, il y a toujours de la symbolique et de l’humour. » Cela résume bien l’état d’esprit de ce créateur à l’imagination débordante, travailleur acharné tant qu’il peut s’amuser… et ne pas se prendre au sérieux.
Photos : admagazine.fr / pointdevue.fr