Vous êtes plus cigarette classique ou e-cigarette ? La question se pose de plus en plus largement à l’heure où le prix des paquets de cigarettes s’envole un peu partout dans le monde. Au fur et à mesure que les gouvernements poussent en faveur de tarifs prohibitifs pour les cigarettes traditionnelles, les cigarettes électroniques font recette car elles constituent autant une alternative pour ceux qui souhaitent arrêter de fumer qu’un objet de mode pour la jeunesse qui souhaite commencer.
Les adolescents sont de gros consommateurs
Avec deux millions et demi d’utilisateurs comptabilisés en 2017 (soit 2,7 % de la population), la France est le troisième marché mondial après les Etats-Unis et le Royaume-Uni. Leaders, les Américains ont même compté un million et demi de consommateurs d’e-cigarettes en plus en 2018. La « vapote » inonde le marché des adolescents américains dans le sillage du géant Juul, cette start-up créée il y a trois ans et qui possède plus de 70 % du marché de la cigarette électronique aux Etats-Unis. Ses e-cigarettes en forme de clés USB et proposées avec une multitude de parfums acidulés attirent les adolescents qui se ruent vers ce nouveau type de fumette, moins onéreux que la cigarette.
Face à ce succès, la multinationale Altria, fabricante du tabac Marlboro, s’est décidée à investir fin 2018 un montant record de plus de 13 milliards dollars dans le capital de Juul afin de posséder 35 % de ses parts. Une somme colossale qui prouve à quel point la cigarette électronique est perçue comme le moyen de substitution numéro un au tabac par les géants du secteur qui cherchent à se diversifier pour contenir la chute de la consommation des cigarettes (Altria a aussi récemment investi près de deux milliards d’euros au sein d’une entreprise vendant du cannabis au Canada).
Les anciens fumeurs qui vapotent risquent la rechute
Cet intérêt pour la cigarette électronique intervient pourtant dans un contexte où les politiques de santé publique commencent à tirer la sonnette d’alarme à son sujet. Si elle ne possède pas de substances nocives présentes dans le tabac comme le goudron, elle contient suffisamment de nicotine pour créer une dépendance chez le consommateur. La Californie est d’ailleurs devenue le premier état à interdire la e-cigarette sur son territoire au nom de la protection de la santé, particulièrement de la jeunesse qui peut subir des dérèglements neuronaux en cas de dépendance à la nicotine. La mesure prendra effet à partir de 2020 et constitue un véritable camouflet pour une société comme Altria qui compte sur l’électronique pour conserver des chiffres de rentabilité grâce à la cigarette. La direction de l’entreprise américaine a déploré cette annonce et estime que l’interdiction n’aura d’autres conséquences que de faire émerger un marché noir de la e-cigarette.
2000 explosions de batteries d’e-cigarettes
Des études récentes font aussi état d’autres inconvénients générés par la « vapote ». Si elle permet aux fumeurs réguliers de fumer moins de cigarettes et de diminuer leur consommation de tabac, elle fait aussi beaucoup plus rechuter que ceux qui ont choisi un autre moyen de stopper. En France, plus d’un quart des fumeurs choisit la e-cigarette pour arrêter de fumer, ce qui signifie que ces 25 % ont plus de chance de replonger que les autres.
Par ailleurs, les accidents sont rares mais existent tout de même : ces deux dernières années, on recense plus de 2000 explosions de batteries d’e-cigarettes aux Etats-Unis et les conséquences peuvent être graves comme on a pu le voir dernièrement avec un adolescent américain qui a souffert d’une fracture majeure de la mâchoire.
Mais face à la nouvelle augmentation à venir du paquet de cigarettes en France, tous les inconvénients imputés à la e-cigarette ne devraient pas avoir raison de son utilisation. Il semblerait qu’aujourd’hui, seules de nouvelles législations comme en Californie pourraient freiner la dynamique de la cigarette électronique.
