A l’occasion du trentième anniversaire de la mort de l’artiste italien Fausto Melotti, une exposition lui a été consacrée chez Hauser & Wirth à New York du 20 avril au 18 juin 2016. Cet évènement a été accompagné de la publication d’un livre richement illustré de documents historiques inédits, tirés des archives de la fondation Fausto Melotti.
Chef de file du mouvement abstrait milanais
Fausto Melotti (1901-1986) est né en Italie dans un environnement familial où la musique occupait une place centrale. Il suit tout d’abord une formation d’électricien et obtient son diplôme à l’Ecole polytechnique de Milan. S’intéressant davantage à la culture, Fausto Melotti n’exerce pas le métier d’ingénieur électricien et poursuit ses études à l’académie des beaux-arts de Brera de 1928 à 1929 sous la direction du célèbre sculpteur Adolfo Wildt. Durant ses études aux Beaux-Arts, Fausto Melotti fait la connaissance de son futur ami Lucio Fontana, devenu lui aussi une icône de l’art contemporain.
Céramiste à l’origine, Fausto Melotti s’est par la suite tourné vers la sculpture où il compose des structures en métal au style épuré. Artiste très peu connu en France, Fausto Melotti est pourtant très célèbre en Italie où il est le principal représentant du mouvement abstrait milanais. Plus largement, son œuvre a contribué au développement du mouvement moderne européen d’après-guerre.
Répartie sur trois étages, l’exposition intimiste chez Hauser & Wirth a été organisée par Douglas Fogle, ancien conservateur en chef au musée Hammer de Los Angeles, et invite les visiteurs à découvrir de près les délicates sculptures du maître italien.
Reliefs et céramiques
L’exposition débute au premier étage de la galerie avec une présentation de sculptures abstraites et de bas-reliefs datant des années 30 et témoignant des premières incursions de l’artiste dans l’abstraction. Compte tenu de l’influence de ses études dans la musique, les mathématiques et l’ingénierie, ces premières œuvres évoquent l’intérêt de Melotti pour la pureté géométrique symbole d’harmonie.
A partir des années 1940, les céramiques de Melotti répondent à la douleur, aux traumatismes et au désespoir qui habitaient ses pensées au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. En effet, l’artiste, particulièrement marqué par ce conflit et par la destruction de son atelier par les bombardements, a vu sa vision artistique modifiée, créant une rupture littérale et symbolique dans sa quête idéalisée de l’abstraction.
Les Teatrini
Les Teatrini (petits théâtres) occupent une place important dans l’œuvre de Melotti qui en composa dès 1931 et jusqu’à la fin de ses jours. Ces petits théâtres miniatures, subdivisés en compartiments comme dans un tableau de Piet Mondrian, sont souvent peuplés de formes et de figures fantastiques.
Parfois peints dans de somptueuses couleurs de terre et décorés de matériaux éparses (plâtre, carton, laiton, bronze, bois, objets trouvés, morceaux de tissu, grillage métallique…), les Teatrini racontent une histoire ou constituent un tableau proche des reliquaires créant une atmosphère méditative poétique. Melotti appelait ses Teatrini, ses « lieder » car des formes et des figures variées s’y entrecroisent à la façon dont, dans un lied, la poésie se confond à la mélodie.
La sculpture
Persuadé de la suprématie de la musique sur les autres formes d’art, Fausto Melotti rêvait d’une sculpture qui lui ressemble. Invisible et impalpable, Melotti n’a cessé de chercher des équivalents à la musique accouchant d’œuvres métalliques fabriquées à partir de laiton et d’acier inoxydable, à l’apparence flottante et fragile. Les titres de ses œuvres sont d’ailleurs inspirés du vocabulaire musical : Piccola sequenza, Contrappunto X ou Scala Musicale.
L’œuvre polymorphe aux multiples facettes de Fausto Melotti est infiniment personnelle car elle fait appel à son riche bagage de connaissances musicales, mathématiques et techniques. Cette démarche sans précédent, est, en tant que telle, complètement novatrice.