Grace Jones est une icône, une légende de la pop culture des années 70 et 80. Clairement avant-gardiste, son influence se fait aujourd’hui toujours sentir dans les domaines de la mode et de la musique. Celle qui chantait « I’ll Never Write My Memoirs » dans le titre Art Groupie en 1981 a rompu sa promesse et a finalement écrit ses mémoires qui portent justement ce titre. Sorti le 29 septembre dernier I’ll Never Write My Memoirs revient sur la vie et la carrière de cette artiste hors-norme qui en profite pour régler ses comptes avec la nouvelle génération de chanteuse qui, selon elle, ne se contente que de la copier.
« Je suis né en mettant des coups, énervée… » annonce Grace Jones dans les premières pages. Cette confession se confirme tout au long du livre car, effectivement, Grace Jones est énervée, même lorsqu’elle écrit. Sa cible préférée ? Les chanteuses pop d’aujourd’hui : Miley Cyrus, Beyonce, Nicki Minaj, Lady Gaga, pour n’en citer que quelques-unes.
« Moi je ne pourrai jamais être comme elles »
« Moi je ne pourrai jamais être comme elles… Sauf si l’on considère le fait qu’elles se comportent déjà comme moi je le faisais. J’ai tellement été copiée par toutes ces personnes qui ont engrangé des fortunes que les gens pensent que je suis riche. La différence, c’est que je faisais les choses pour l’excitation de la nouveauté. Pas pour l’argent. »
Mais Grace Jones ne se contente pas d’égratigner les stars d’aujourd’hui, elle évoque aussi celles d’hier, celles qu’elle a croisées ou qui ont partagé sa vie, d’Andy Warhol à Jean-Paul Goude en passant par Jerry Hall et Dolph Lundgren. Ce n’est pas simplement la vie d’une artiste que l’on découvre, c’est tout une période, celle des années 70-80, que l’on revit.
Le Sept à Paris, le Sudio 54 à New-York
La Jamaïcaine nous replonge dans cette époque, évoquant les soirées au Sept à Paris ou au Studio 54 à New-York. Il est aussi question de sa carrière d’actrice, de son rôle dans James Bond et de son refus de jouer dans Blade Runner : « J’ai immédiatement répondu non, avant même d’avoir lu le scripte » confie-t-elle. La musique tient également une place non négligeable dans le livre de celle qui a démarrée en 1977 au sein du label Island tout d’abord avec des titres très disco avant de basculer vers la new wave avec l’album Nightclubbing en 1981.
Mais au-delà des passionnantes anecdotes sur la jet set des seventies et de son opinion sur les artistes d’aujourd’hui, Grace Jones nous livre une œuvre à la fois drôle et émouvante, provocante et sensible. Ici, la folie des nuits parisiennes n’occulte en rien les drames auquel elle a été confrontée, comme le rejet de son frère, homosexuel, par ses parents et la mort de son meilleur ami.
I’ll Never Write My Memoirs est à l’image de son auteur : fascinant. Le franc-parler qui le constitue correspond à l’image que l’on peut avoir de l’artiste et nous donne ainsi l’impression que Grace Jones ne triche pas. Si vous pouvez lire l’anglais, précipitez-vous chez votre libraire ou sur votre liseuse, sinon, il vous faudra patienter jusqu’en mars prochain, date de la sortie de la version française.