400 pièces, datant du XIVème siècle à nos jours, sont exposées du 1er décembre au 23 avril 2017 à l’exposition « Tenue correcte exigée, quand le vêtement fait scandale », au Musée des Arts décoratifs.
Vêtements, bien sûr, mais aussi portraits, gravures et objets illustrant les transgressions vestimentaires. Au travers de trois thématiques, « le vêtement et la règle », « est-ce une fille ou un garçon ? » et « la provocation des excès », l’exposition explorera les aspects les plus subversifs de la mode.
La provocation, une tradition de longue date
La mode, par essence, se nourrit de provocation. C’est là son moteur principal. Au point, parfois, de faire évoluer les mœurs dans une société trop corsetée. Si le bikini, la mini-jupe ou encore le pantalon pour femmes ont déclenché lors de leur présentation l’indignation des bien-pensants, il s’agit de nos jours de bien inoffensifs objets usuels. Ainsi va le subtil ressac qui rythme la mode, fait tour à tour d’opprobre et d’adhésion, de scandale et d’approbation. Si des noms tels que Jean-Paul Gautier, John Galliano ou Coco Chanel, pour ne citer qu’eux, viennent immédiatement à l’esprit lorsqu’est abordé le thème du scandale, l’exposition du musée des Arts décoratifs démontre que ces derniers ne sont que les héritiers d’une tradition ô combien séculaire.
Sans règles, pas de provocation
Plus que tout autre accessoire, le vêtement a depuis les temps les plus anciens été régi par des conventions strictes. Interdits religieux, lois somptuaires, codes couleurs complexes et cloisonnement des classes sociales ont interféré dans les règles du costume. Le fonds judéo-chrétien de notre société a lui aussi apporté son lot de tabous vestimentaires. Avant le péché originel, chaque être vivait nu, et le port d’une étoffe devait sans cesse rappeler la déchéance de l’homme. Peu à peu le costume est apparu comme un moyen privilégié d’exprimer sa différence. Si l’originalité a d’abord été l’apanage des puissants, la Révolution voit apparaître les sans-culotte, puis les Muscadins, les Incroyables et les Merveilleuses. La mode se politise et l’habit devient revendicatif, du dandysme royaliste de Jules Barbey d’Aurevilly au col Mao qu’arbora Jack Lang à la tribune de l’Assemblée nationale en 1981.
Le combat pour une mode unisexe
Seront aussi exposés quelques costumes de « garçonnes », ces femmes qui osaient, dans les années 1920, porter un pantalon. Rappelons qu’il faudra attendre un décret de 2013* pour autoriser le port d’un tel accessoire vestimentaire ! Les hommes ont, plus récemment, tenté eux-aussi de s’approprier des codes qui leur étaient proscrits. Jupes ou maquillage choquent toujours dans nos sociétés encore très codifiées. Pourtant, les dernières décennies ont offert une tribune de choix aux stylistes les plus sulfureux, qui ont fait de la transgression une signature. Non sans quelques débordements, comme l’illustrent des défilés chocs, ceux de Yohji Yamamoto, d’Alexander McQueen ou de Rick Owens. Les mannequins de ce dernier dévoilaient au public les parties les plus intimes de leur anatomie.
C’est cette ambivalence de la mode qui tour à tour conforte et secoue la société dans ses valeurs les plus profondes, que le musée des Arts décoratifs révèlera dans cette exposition.
« Tenue correcte exigée, quand le vêtement fait scandale », du 1er décembre 2016 au 23 avril 2017
Musée des Arts décoratifs
107, rue de Rivoli – 75001 Paris
Site : www.lesartsdecoratifs.fr
*Le décret abroge la loi du 7 novembre 1800 spécifiant que « toute femme désirant s’habiller en homme doit se présenter à la Préfecture de police pour en obtenir l’autorisation« .