La résurrection d’un cépage royal : le Berligou

Le Blog Lifestyle 28 juin 2016 0

Cépage des ducs de Bretagne, le Berligou renaît après une très longue absence dans le vignoble nantais à Château-Thébaud. Deux frères, viticulteurs, Jean-Michel et Laurent Poiron commercialisent pour la première fois deux cuvées de Berligou au domaine Poiron-Dabin.

berligou

Un vin royal

L’histoire du Berligou est née au XVème siècle de l’amitié entre deux cousins : Charles le Téméraire et François II. En 1460, Charles le Téméraire, duc de Bourgogne, offre à son cousin François II, duc de Bretagne, des pieds de pinot noir donnant un vin appelé Berligou. Ce cépage est planté sur une petite surface au château de la Chabossière, à Couëron (Loire-Atlantique) où naît Anne de Bretagne, fille de François II.

Ce vin, produit en petites quantités, sera réservé aux hautes sphères de l’Etat et sera apprécié des plus grands. Parmi les célèbres amateurs de Berligou, on peut citer Anne de Bretagne qui exige qu’on le serve à son mariage avec Charles VIII en 1491 puis avec Louis XII en 1499 ; Henri IV qui le découvre lors de la signature de l’Edit de Nantes en 1598 ou encore Louis XIV qui l’élève au rang de vin de cour.

berligouRescapé in extremis de l’oubli

Au XIXe siècle, des fléaux de la vigne s’abattent sur le Berligou : l’oïdium en 1860, le mildiou en 1870 et le phylloxéra en 1880. En 1890, 90 % de l’encépagement est anéanti. En 1930, le cépage est sauvé de l’oubli grâce au comte de Camiran et de son pépiniériste Joseph Picot qui retrouvent des résurgences de plants de Berligou au château de la Chabossière à Couëron. Le comte de Camiran va ainsi créer 170 ceps de plants de Berligou qui vont être plantés sur sa propriété au milieu de plants de muscadet. En 1940, le comte part à la guerre et délègue sa culture à un chef de culture autrichien qui, croyant à des plants dégénérés, va arracher les 170 plants de Berligou.
A ce moment, on pourrait croire à l’anéantissement complet du cépage de Berligou mais c’est sans compter sur Joseph Picot, le pépiniériste, qui avait conservé 5 plants. En 1993, Jean-Yves PICOT petit fils du pépiniériste et détenteur de 170 plants de cépage de Berligou, va créer l’association « Le groupe des 12 », composé d’ingénieurs et de viticulteurs dont la finalité est la sauvegarde du cépage.

La renaissance

Des études ampélographiques (science de l’identification et de la description des cépages) menées en 2003, révèlent que le Berligou est « un cépage rare et introuvable ailleurs ». Le cépage est alors replanté sur 1,5 hectare en 2011 par deux vignerons : Jean-Michel et Laurent Poiron.

Cette année, c’était le lancement officiel des Berligou rosé et rouge élaborés par la maison Poiron-Dabin. Les premières grappes, cueillies en 2014, ont fermenté pendant un an en fût de chêne breton avant d’être mis en bouteilles en avril 2016.

Vignerons passionnés d’histoire et de terroir, Jean-Michel et Laurent Poiron redonnent vie au Berligou, héritage viticole, témoin du patrimoine historique et culturel de la région nantaise.

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