Sur la seule année 2017, la DGCCRF (Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes) a eu à gérer 1249 alertes sur des produits défectueux ou impropres à la consommation. Ainsi, chaque jour, plus de trois articles sont signalés aux consommateurs. Naturellement, ceux-ci ne sont pas connectés en permanence sur le site de l’autorité de régulation et manquent d’informations en temps réel. Pour y remédier, l’application gratuite Oulah ! les aide à retrouver les noms des produits incriminés et la nature des risques.
Oulah ! recense les articles ayant fait l’objet d’une alerte pour des défauts mineurs ou des dangers potentiels. Les produits visés sont ensuite classés dans une des douze catégories (alimentation, hygiène-beauté…) et complétés d’informations utiles : numéros de lots, contact du service client, problème rencontré et solution préconisée. L’application envoie une alerte à chaque nouvel ajout et, tous les mois, 70 nouveaux articles enrichissent une base comportant déjà plus de 2000 produits.
Une application d’utilité publique
Derrière l’application, on trouve Franck Valayer un directeur artistique installé à Nice. Oulah ! est née en 2015 d’une observation : « J’étais dans un supermarché où j’ai vu qu’une multitude de produits étaient signalés sur une simple feuille affichée à l’entrée. Je me suis dit que si un acheteur ne repassait pas par-là, il pouvait louper la mise en garde». Le quadragénaire décide alors de développer une solution pour collecter l’information et de la fournir d’une manière simple.
Pour enrichir la base de données, Franck Valayer opère une veille auprès de DGCCRF dont il consulte le site plusieurs fois par jour. Le travail est fastidieux pour celui qui ne gagne pas d’argent sur l’application, car Oulah ! se veut d’utilité publique et n’a pas de visée commerciale. Pour l’aider dans sa tâche, les consommateurs s’impliquent dans la remontée d’information : «Certains m’envoient des photos d’affiche de produits défectueux. Mais je vérifie toujours avant de les mettre sur le site ».
Palier un système d’alerte défaillant
L’an dernier, l’affaire Lactalis a fait les gros titres, mais dans la plupart des cas les rappels ne sont pas connus des consommateurs. Tout d’abord, les professionnels n’informent pas toujours les autorités. Collecter les informations devient alors un véritable casse-tête. 60 millions de consommateurs reporte par exemple parfois quatre fois plus d’alertes que la DGCCRF. Enfin les moyens sont insuffisants pour avertir les clients et Oulah ! apporte une solution partielle à un problème plus large.
Les Français ont très peu confiance dans le système d’alerte sur les rappels de produits. Selon une enquête de la CLCV, 77 % d’entre eux ne s’estiment pas assez informées. Les personnes interrogées voudraient avoir d’avantage de communication dans les magasins ou dans les médias. Toutefois, le simple affichage est devenu une pratique obsolète au regard de la diversification des canaux de distribution, des applications comme Oulah ! pourraient ainsi devenir incontournables.
Un modèle pour les associations de consommateurs
Les associations de consommateurs ont récemment emboîté le pas à Oulah ! et ont créé leur propre système d’alertes. UFC-Que Choisir vient par exemple de dévoiler QuelCosmetic qui permet d’identifier des produits de beauté contenant des composants à risque comme les perturbateurs endocriniens. La DGCCRF va pour sa part travailler sur une application pour signaler des défauts rencontrés dans le cadre du commerce en ligne. Elle devrait être en service à partir de 2019.
Oulah ! est résolument un pas en avant dans la communication des rappels produits. Jusque-là le système pouvait se montrer rigide et inefficace. On soulignera au passage l’engagement de son créateur mais aussi de la difficulté à reporter toutes les alertes tant les sources d’information sont éclatées. La France, contrairement à ses voisins belges et britanniques, ne dispose pas de site officiel unique recensant l’intégralité des avis et des rappels émis sur le territoire.