BuyOrNot, l’éthique par l’étiquette

Le Blog Lifestyle 1 février 2019 0

Immortaliser les souvenirs de vacances, les portraits de famille ou des paysages enchanteurs ne sont pas les seules fonctions des appareils photo embarqués dans nos smartphones. Depuis quelques années, les mobiles se sont invités dans les rayons des supermarchés servant d’assistants aux consommateurs avides d’informations qui ne figurent pas toutes sur l’emballage. A la liste des ingrédients s’est peu à peu rajoutée une dimension responsable voire militante. La nouvelle application BuyOrNot se positionne résolument sur ce créneau.

Une application pour consommer intelligemment

Débarquée le 11 septembre sur Android et bientôt disponible sur iOS, l’application gratuite BuyOrNot permet, d’un simple scan de code barre, d’obtenir une multitude d’informations sur le produit qui atterrira, ou non, dans nos caddies. Les ingrédients qui le composent sont scrupuleusement analysés par le biais d’OpenFoodFacts, une gigantesque base de données collaborative indexant plus de 593.000 denrées alimentaires. S’affichent alors le lieu de fabrication, les allergènes, les additifs ainsi que la marque propriétaire du produit dans le cas d’une sous-marque. Une note Nutri-Score fournit quant à elle une couleur s’échelonnant sur cinq niveaux allant du vert au rouge, permettant d’établir la valeur nutritionnelle de la marchandise : teneur en sel, en sucre, en graisse…

Si les applications fournissant ce type d’information sont légion, BuyOrNot va plus loin puisqu’il s’insère dans une démarche visant à responsabiliser le consommateur. Quel est l’impact sociétal du produit ? Une campagne de boycott est-elle en cours à l’encontre de la marque et, dans ce cas, pour quelle raison ? Les ingrédients sont-ils nuisibles pour l’environnement ? Quel est le degré de transformation du produit ? Autant de questions qui trouveront leurs réponses en quelques secondes et qui permettront de s’orienter judicieusement dans la jungle des rayons.

BuyOrNot : pour réagir face aux scandales

Cette application trouve son origine à Lyon où deux frères, Levent et Bulent Acar, ont fondé en 2015 l’association I-boycott. La création de cette plateforme collaborative a été motivée par la succession de scandales provoqués par de grands groupes internationaux : « dieselgate » de Volkswagen, effondrement du Rana Plaza au Bangladesh où ont péri 1 127 ouvriers textiles travaillant pour de grandes enseignes, viande de cheval dans les lasagnes, cruauté envers les animaux dans les abattoirs… Les sujets prêtant à indignation ne manquent pas !

Mais comment sanctionner les groupes se livrant à des pratiques révoltantes ? C’est ici que les moyens de communication du 21e siècle entrent en écho avec une pratique apparue dès la fin du 19e. Impactant les ventes des marques et écornant leur image, le boycott trouve sur le Web un moyen d’expression retentissant. En donnant une résonance inédite à ces combats, I-boycott parvient très vite par son audience, à infléchir la politique de certaines marques aux agissements discutables. La plus grande victoire a été obtenue face à Petit Navire : accusé de surpêche, la société a été depuis contraint de modifier ses pratiques.

Emergence du « consommacteur »

Que le consommateur s’inscrive dans une démarche d’activisme, ou plus simplement d’information, l’apparition de l’application BuyOrNot lui permet de prendre instantanément connaissance des griefs reprochés à une marque. 100.000 personnes se sont d’ores et déjà inscrites sur la plateforme à but non lucratif, épaulées par 150 bénévoles qui proposent, à travers le site internet et 13 antennes locales, de responsabiliser un consommateur qui mésestime parfois sa force.

L’acte d’achat, loin d’être anodin, représente un pouvoir décisionnel où l’éthique a son rôle à jouer. S’il est témoin d’un acte appelant une réaction légitime, n’importe quel citoyen est à même de lancer une campagne sur la plateforme, qui sera ensuite répercutée sur l’application. Installée depuis son lancement sur plus de 50.000 smartphones, BuyOrNot vise à élargir son public afin de susciter une véritable démarche mêlant éthique et consommation responsable.

Une œuvre d’intérêt public à l’heure où les inégalités sociales, l’urgence climatique et environnementale ainsi que les enjeux sociaux nécessitent plus que jamais une réponse appropriée.

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