Hassan Hajjaj, alias Andy Wahloo : l’identité par la créativité

Le Blog Lifestyle 11 juin 2019 0

Au 30-32 Calvert Avenue à Londres se niche un univers à part entière. Remplie de couleurs pastel, de matériaux de récupération, illuminée par des lampes orientales, cette boutique de décoration d’intérieur est également un atelier, un salon de thé ou un petit souk. Le maître de cette caverne d’Ali Baba du 21e siècle se nomme Hassan Hajjaj, le nouveau phénomène de la scène pop-art.

Débarqué dans la capitale anglaise depuis son Maroc natal à 13 ans, en quête de repères en terre étrangère, il a merveilleusement su mixer les influences de son pays d’adoption avec celles de son enfance.

Des racines et des rêves

Pour la première fois hors des frontières du royaume chérifien, tout n’est qu’étranger pour le jeune Hassan. La nourriture, la musique, le temps et même la langue. Alors qu’il était arrivé en parlant français et marocain, son accent so british ne laisse désormais planer aucun doute : c’est un vrai Londonien !

Dès son jeune âge, seul arabophone de son école, il se lie alors avec d’autres déracinés aux parcours similaires au sien et il a pour camarades de jeux d’autres jeunes expatriés des Caraïbes, d’Inde, du Pakistan…. Mais pour se forger une identité, il ne suffit pas de s’ouvrir aux autres, il faut aussi savoir ramener un peu de souvenirs vers l’avenir, petits bouts par petits bouts. «Nous voulions écouter de la musique qui nous ressemblait. Alors on trouvait un lieu, on ramenait un DJ et on se fabriquait un environnement sonore. Nous voulions créer des espaces qui renvoyaient à ce que nous étions».

En se rassemblant, Hassan et ses amis forment une communauté unique qui leur ressemble. Et c’est ainsi qu’Hassan développe sa créativité, sa sensibilité artistique. Le Londres des années 80 est une mosaïque culturelle en constante expansion, et il compte bien y apporter sa contribution.

Très curieux, il touche à un maximum de sujets. Il filme les défilés de ses amis, photographie, fabrique des meubles… L’art, et le processus créatif en général, lui permet également de se forger une identité et une manière de s’adapter à son nouveau pays. Puis d’aider à le façonner.

Croiser les frontières… pour mieux les briser

Nommée Larache, comme son village natal, la boutique d’Hassan mélange constamment art oriental et pop culture occidentale. Chez lui, on trouve des bikeuses en djellabas et babouches Louis Vitton ou encore des portraits de dandys en costume jaunes fluos, encadrés par des boites de conserves. Larache, c’est Andy Warhol qui bricole à Marrakech. Et partout ailleurs !

Ainsi à Paris il a décoré un bar, le bien nommé Andy Wahloo, le surnom d’Hajjaj. On trouve également ses peintures dans les musées new-yorkais ou de Los Angeles, dans ses galeries à Dubaï, au Maroc et bien sûr à Londres. Hassan Hajjaj est aujourd’hui devenu un phénomène planétaire. En rassemblant les formes, les couleurs et les histoires issus de cultures opposées, Hassan Hajjaj incarne l’exemple parfait de l’artiste adaptable, profond et universel. Du 11 septembre au 24 novembre prochain, la Maison européenne de la photographie proposera une exposition « Carte blanche à Hassan Hajjaj ». L’occasion rêvée pour se plonger l’univers de cet artiste sans aller à Londres.

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