L’Atelier des Lumières, qui propose chaque année des spectacles dans les carrières des Baux-de-Provence, s’installera dès cette année en plein centre de Paris. Connaissant un succès sans faille dans le Sud, la société Culturespaces qui mène ce projet espère attirer autant de monde dans la capitale et mise pour cela sur Gustav Klimt et Egon Schiele et sur une espace réservé aux artistes contemporains connus ou émergents.
Aux Baux-de-Provence, petit village des Bouches-du-Rhône en plein cœur des Alpilles, la réputation des Carrières de Lumières n’est plus à faire : chaque année, 600 000 visiteurs de passage dans la commune se pressent dans ce site désaffecté, transformé en un gigantesque espace culturel. C’est dans ce lieu aux dimensions gigantesques, où les plafonds atteignent à certains endroits neuf mètres de hauteur, que les blocs de calcaire étaient autrefois prélevés afin d’ériger la splendide cité des Baux. Laissé à l’abandon depuis le milieu des années 1930, le site avait été remarqué par Jean Cocteau, qui y tourna des plans de son Testament d’Orphée.
En 1976, un entrepreneur visite les lieux et décide d’y installer un spectacle son et lumière, les parois servant d’écran aux projecteurs disséminés sur une surface de 6000 m². Chaque année, un thème y est présenté, souvent en rapport avec les grands peintres. Dans la fraicheur et l’obscurité de la carrière, les murs et le sol s’animent, éblouissant le visiteur qui se retrouve littéralement immergé au cœur des œuvres de Picasso, Van Gogh ou Monet. Cette expérience jusqu’alors unique deviendra, dès le printemps 2018, accessible aux Parisiens.
Gustav Klimt pour l’inauguration
C’est la société Culturespaces, qui gère le site des Baux depuis 2012, qui relève le défi. Paris s’y prête admirablement, puisque la capitale regorge de carrières abandonnées et de sites industriels laissés en friche. Il aura pourtant fallu deux années de prospection pour trouver le lieu idéal, situé dans l’ancienne fonderie Plichon, rue Saint-Maur, dans le XIe arrondissement. Avec ses 3300 m² réservés aux projections et ses plafonds culminant à 10 mètres de haut, la fonderie présente des caractéristiques identiques à celles des Baux-de-Provence.
Certains éléments du site originel ont été préservés : la grande cheminée de brique, la citerne ainsi que de vielles caisses de fret permettront de ne pas perdre de vue l’utilité première des lieux. A partir du 13 avril, les 120 vidéoprojecteurs et les 50 haut-parleurs dernier cri s’activeront pour donner vie au premier spectacle, consacré aux peintres Gustav Klimt et Egon Schiele.
Laisser aussi une place aux artistes émergents
La modernité de Klimt, son usage des ors et des rouges, constitueront très certainement une excellente entrée en matière. Ce spectacle principal, qui durera 35 minutes, sera accompagné d’un supplément de sept minutes présentant les œuvres de Friedensreich Hundertwasser, dont les tableaux se prêteront eux aussi parfaitement au procédé.
Mais l’Atelier des Lumières réservera aussi une carte blanche aux artistes contemporains, qu’ils soient reconnus ou émergents. Un espace de 160 m², « Le Studio », leur sera dédié, avec bar et jeux de miroirs. Le tout sera accessible contre une somme de 13 euros, 7 jours sur 7 et 365 jours par an.
Vivre l’histoire de l’Art
Ces spectacles immersifs, qui s’appuient sur la technologie AMIEX mise au point sur le site des Baux, devrait attirer, selon les prévisions de la direction, 400.000 spectateurs par an. Culturespaces, qui gère déjà, entre autres, le Château des Baux, le Théâtre antique d’Orange, la Maison Carrée et les Arènes de Nîmes, aura dû débourser neuf millions d’euros pour aménager la fonderie. Un pari qui n’effraie pas le groupe privé, filiale de GDF-Suez, qui espère séduire, en plus des amateurs d’art, un public technophile habituellement rétif aux musées traditionnels.