C’est Laurence des Cars qui a finalement été choisie en mai dernier par Emmanuel Macron pour diriger le musée du Louvre. L’actuelle présidente du musée d’Orsay et du musée de l’Orangerie sera la première femme à la direction du prestigieux musée, considéré comme le plus grand au monde avec un record de fréquentation de 10,2 millions de visiteurs en 2018.
Elle y succèdera à l’actuel président, Jean-Luc Martinez, qui effectuera un intérim jusqu’à sa prise de fonction le 1er septembre. Ce délai laisse du temps pour trouver un remplaçant à Mme des Cars à Orsay. Il permettra également à Jean-Luc Martinez de finaliser l’exposition « Paris-Athènes, naissance de la Grèce moderne, 1675-1919 » dont il est commissaire général et qui ouvrira ses portes en septembre.
Une conservatrice de stature internationale
A 54 ans, Laurence des Cars est une conservatrice réputée. Et si le fait qu’elle soit une femme a pesé favorablement dans la balance pour le Président, qui dit depuis le début de son mandat vouloir plus de femmes aux postes à responsabilité, son parcours l’a séduit tout autant. « Laurence des Cars est une conservatrice reconnue, une grande professionnelle de l’art, qui a une stature internationale », commentait l’entourage d’Emmanuel Macron au moment de sa nomination. « Elle a proposé un projet ouvert, généreux, pluridisciplinaire, ambitieux, résolument tourné vers la jeunesse dont elle fait une priorité.”
Le travail réalisé au Musée d’Orsay par la conservatrice pour dynamiser le musée et attirer un public plus jeune a été salué par Roselyne Bachelot, ministre de la Culture. Laurence des Cars a en effet ouvert Orsay à des spectacles vivants (danse, cirque) et a introduit une nouvelle approche des œuvres, ouverte à tous publics et aux artistes d’aujourd’hui.
Laurence de Pérusse des Cars est née à Antony en 1966. Elle est la fille du journaliste et écrivain Jean des Cars, et la petite-fille du romancier à succès Guy des Cars. Elle étudie l’histoire de l’art à l’Université Paris IV-Sorbonne et à l’Ecole du Louvre, avant d’intégrer l’Ecole nationale du patrimoine. Spécialiste de l’art du XIXe et du début du XXe siècle, elle a été commissaire de nombreuses expositions, parmi lesquelles « L’Origine du monde, autour d’un chef-d’œuvre de Courbet ».
Ouverture d’esprit et envergure scientifique
Elle est nommée en 2007 directrice scientifique de l’agence France-Muséums, et opérateur français chargé du développement du Louvre Abou Dhabi. Elle est promue dans le corps des conservateurs généraux du patrimoine en 2011, et obtient son premier poste de directrice en janvier 2014 au musée de l’Orangerie. S’y ajoutera en 2017 la direction du musée d’Orsay.
La nomination de Laurence des Cars a été particulièrement appréciée par Henri Loyrette, emblématique président du Louvre de 2001 à 2013, qui la connaît bien puisqu’il a dirigé la publication de son essai « L’Art français. Le XIXe siècle” (Flammarion, 2006). « C’est vraiment quelqu’un de remarquable, et c’est une chance pour le Louvre, car elle a toutes les qualités d’organisation qu’il faut – elle l’a du reste prouvé durant cette période compliquée –, mais aussi l’envergure scientifique qui correspond au profil » a-t-il commenté, saluant aussi son ouverture d’esprit.
Pour Laurence des Cars, un musée est le lieu de l’émancipation du regard. Femme de conviction, elle croît en la liberté de l’art. Interrogée au moment de l’ouverture de l’exposition « L’Origine du monde », elle la défendait ainsi : « On est libre de ne pas aller voir ce tableau, si l’on ne veut pas le voir. Beaucoup de gens dans le monde nous aiment aussi pour cette liberté. Il ne tient qu’à nous d’être suffisamment vigilants pour ne pas la mettre en danger. Il ne faut pas céder à la confusion, à la peur. Il faut être nous-mêmes. »
Photos : radiofrance.fr et purepeople.com
