ASMR : derrière ce mystérieux acronyme se dissimule un phénomène dont les vidéos sont capables d’attirer des millions de spectateurs. Utilisées dans le cadre de la relaxation ou du traitement des insomnies, ces Autonomous Sensory Meridian Response ou réponses autonomes des méridiens sensoriels, procureraient un bien-être que certains n’hésitent pas à qualifier « d’orgasme cérébral ».
Brosse à cheveux et papier bulle
Qui n’a jamais expérimenté une sensation d’intense relaxation provoquée par un stimulus sensoriel ? Que ce soit lors d’une séance de massage, d’une visite chez le coiffeur ou en présence d’un chat qui ronronne, une douce torpeur s’installe provoquant un immédiat sentiment de sérénité. Connu depuis longtemps, ce phénomène est devenu depuis quelques années accessibles chez soi à tout moment grâce à une multitude de vidéos.
Plus de 100 millions de séquences aux durées variées sont ainsi disponibles sur les plateformes en ligne, promettant d’accéder à une réponse sensorielle apaisante et voluptueuse par le biais d’éléments déclencheurs. Chuchotements, tapotements de doigts sur différentes surfaces, papier froissé ou caresses de cheveux font partie des thèmes les plus prisés par les internautes.
Une forme d’hypnose
Apparues en 2008, les premières vidéos estampillées ASMR n’ont pas suscité la seule curiosité des internautes : la science s’est elle aussi penchée sur le phénomène qui a depuis fait l’objet d’études approfondies. Toutes valident la réalité de ces stimuli et des effets qu’ils provoquent, chaque individu réagissant néanmoins différemment selon son degré de réceptivité. Pour les sujets qui se sont prêtés aux expériences, les réponses sensorielles se manifestent par des picotements au niveau du cuir chevelu, de la nuque, des épaules et de la colonne vertébrale. Les sons et les mouvements qui ponctuent les vidéos induiraient une production de dopamine (aussi appelée « hormone du bonheur ») apportant avec elle le sentiment de bien-être recherché. Certaines personnes restent néanmoins insensibles à ces stimuli cérébraux qui s’apparenteraient à une forme d’hypnose ou de méditation.
Engouement populaire
Pour les défenseurs de cette nouvelle méthode de relaxation, une pratique régulière pourrait contribuer à diminuer la consommation de somnifères et d’anxiolytiques. Les douleurs chroniques seraient aussi sensiblement réduites, même plusieurs heures après un visionnage. Devant un tel succès, l’ASMR se décline depuis sous toutes les formes, des plus sérieuses au plus fantaisistes. De la caresse d’un ananas aux vidéos pornographiques, en passant par la mastication de cornichons, les vidéos censées provoquer une réaction sensorielle ont engendré leurs stars dont les abonnés dépassent pour certaines d’entre elles, le million.
La publicité s’est emparée du phénomène s’imposant même lors du prestigieux (et très coûteux) interlude du Super Bowl 2019. Les magasins IKEA sont allés encore plus loin, dédiant une vidéo de 25 minutes à la présentation d’une chambre à coucher modèle à grands renforts de chuchotements et de frottements d’objets.
Si la frontière entre le sérieux et l’absurde semble parfois difficile à établir, nul doute que les principes fondamentaux de l’ASMR permettent à certaines personnes de trouver une réponse à des pathologies telles que le stress ou l’insomnie, se posant même parfois comme thérapie de dernier recours. Et tout cela sans l’aide d’aucun médicament. De quoi assurer un bel avenir à tous les ASMRtists.
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