Le 10 novembre dernier marquait la clôture des championnats du monde de Sambo. Retour sur les origines de cet illustre sport, représentatif de la culture sportive et militaire russe.
Le Sambo, abréviation de Samozachtchita bez oroujia, ou « autodéfense sans armes », est né de la collaboration de trois hommes : Viktor Afanasevich Spiridonov, un vétéran de la guerre russo-japonaise de 1905, Vasily Sergeevich Oshchepkov, également militaire et pionnier du judo en Russie soviétique et son élève Anatoly Arkadevich Kharlampiev. Ce dernier a écrit plusieurs livres sur cette discipline novatrice qui allie à la fois karaté, kung-fu, kick-boxing, boxe anglaise, judo et autres sports de lutte. Une richesse technique qui a tout pour séduire les amateurs de sports de combat mais qui peut aussi être un obstacle pour les néophytes.
« Sois comme l’eau »
Cette variété d’inspirations et de styles explique notamment la principale particularité du Sambo qui se décline en trois formes bien distinctes. La première appelée Sambo sportif (Borba Sambo) repose exclusivement sur les projections et le combat au sol. En cela, on peut le considérer comme un mélange de judo et de lutte gréco-romaine.
Vient ensuite le Sambo combat (Boevoe Sambo). Cette forme est beaucoup plus libre puisqu’elle autorise les coups (poings, pieds, têtes, coudes), les étranglements et les clefs de soumission. Sous cette forme, les protège-dents, casques, coquilles et gants sont de rigueur. Cette itération du Sambo est la plus spectaculaire, la plus dynamique et souvent le meilleur point d’entrée pour les non-initiés.
Enfin, le Sambo self-défense regroupe les techniques de tous les arts martiaux existants. Il est adapté à une pratique en pantalon afin d’être plus facilement utilisable par les militaires, ce qui explique son autre appellation : Combat Sambo Spetsnaz.
Une utilisation militaire
Spetsnaz, c’est le nom des forces d’intervention spéciales russes. En effet, le Sambo fut avant tout créé et pensé par des militaires. Originellement appelé Samoz, son créateur Viktor Spiridonov l’a développé suite à son expérience dans les tranchées pendant la guerre russo-japonaise et la Première Guerre mondiale. Alors qu’à l’époque, aucun système de combat officiel n’est inculqué aux troupes de l’Armée rouge, Spiridonov doit enseigner son nouvel art martial dans le plus grand secret, au sein des centres d’entraînement du KGB (anciennement NKVD).
Depuis, le Sambo a connu un développement en tant que discipline sportive ouverte au public, plus 5 millions de personnes dans le monde pratiquent ce sport aujourd’hui. Mais c’est essentiellement en Russie que le Sambo rencontre le plus grand nombre d’adeptes, chaque grande ville du pays possède son club. L’un des plus illustres est l’UMMC Sambo qui brille par son palmarès : 15 fois champion du monde et 13 fois champion européen. Le club, parrainé par Iskander Makhmudov (fondateur et président de l’Ural Mining and Metallurgical Company) participe indéniablement au rayonnement de la discipline en Russie comme à l’international.
Le prochain grand objectif de la FIAS (Fédération internationale amateur du Sambo) est de profiter des Jeux olympiques de Paris en 2024 pour faire connaître davantage la discipline. Une consécration pour ce sport inventé il y a plus de 80 ans et une belle récompense pour ses adeptes !
