Les titres de la presse nuancent le bilan de la COP 24 qui s’est achevée le samedi 15 décembre à Katowice en Pologne. Si les interprétations varient, les observateurs s’accordent néanmoins tous pour affirmer que cette réunion de 196 Etats pour le climat est davantage un échec qu’une réussite. A l’heure où l’opinion publique est effrayée par les messages d’alerte concernant l’avenir de notre planète, la réponse de la COP 24 n’est pas apparue en conformité avec l’urgence de la situation.
L’enjeu de départ était déjà éloigné de la réalité : les Etats devaient s’entendre pour la mise en place du rulebook chargé de mettre en application les mesures de l’accord de Paris. Ce guide d’application a fait l’objet de longues et pénibles discussions mais il a enfin pu être appliqué reléguant toutefois d’autres sujets au second plan.
La question du CO2 reportée à 2019
La question de la limitation de production des gaz à effet de serre a par exemple été reportée au sommet climat de New-York de septembre 2019 et à la COP 25 qui aura lieu au Chili en décembre 2019. De nombreux pays attendaient pourtant déjà un engagement officiel applicable dès 2020.
Les poignées de main, sourires et selfies du samedi en clôture du sommet n’ont pas manqué d’agacer les ONG et les pays les plus en danger sur le plan climatique qui ont déploré la lenteur des prises de de décisions.
Le groupe d’experts intergouvernemental préconisait dès octobre un seuil de réchauffement climatique de 1,5 degrés au maximum tandis que les politiques menées actuellement mèneront vers un réchauffement de 3,2 degrés. Insuffisant voire suicidaire selon les messages portés par les 47 pays les plus vulnérables qui n’ont eu de cesse de tirer des sonnettes d’alarme. Mais ils se sont heurtés à quelques murs et pas des moindres : les Etats-Unis, la Russie, l’Arabie-Saoudite et le Koweït ont cherché à minimiser l’enjeu écologique en discréditant les analyses des experts.
Le Brésil, autre frondeur, a placé le débat autour du marché carbone, cette Bourse qui permet à des pays pollueurs de monnayer leurs surplus d’émissions de gaz à effets de serre avec des pays plus propres. C’est en raison du blocage du Brésil que les discussions concernant le sujet ont été reportées à l’année prochaine.
Les pays en voie de développement, la Malaisie en tête, ont insisté sur la responsabilité des pays riches : ils se sont industrialisés et ont été les premiers pollueurs, ils doivent donc en tirer les conséquences. Une flexibilité sur l’accord de Paris a donc été accordée aux pays émergents ou en voie de développement afin qu’ils puissent poursuivre leur industrialisation.
La France en retrait
La France a quant à elle brillé par son absence lors des quatre derniers jours de négociation puisqu’aucun ministre ou secrétaire d’Etat n’était présent. Les tensions sociales en Europe (gilets jaunes, crise du charbon en Allemagne, Brexit au Royaume-Uni) relèguent au second plan la question climatique au sein d’une UE qui reste pendue aux querelles du couple franco-allemand. En effet, Berlin a peur d’être trop dépendant du nucléaire français s’il abandonne le charbon et inversement quand Paris ne veut pas se désengager du nucléaire si Berlin ne stoppe pas le charbon.
Pendant ce temps, les autres Etats de l’Union temporisent avant de s’engager, attendant le montant de l’enveloppe qui leur sera dédiée pour parvenir à amorcer leur transition écologique. Des postures qui tranchent complètement avec le discours émouvant et alarmiste donné samedi à la COP 24 par Greta Thunberg qui tourne en boucle sur tous les médias du monde.
Cette lycéenne suédoise de 15 ans est en grève scolaire chaque vendredi depuis plus de trois mois afin de protester contre l’immobilisme face à l’urgence climatique. Elle a appelé les gouvernements à leur responsabilité et les autres adolescents du monde entier à faire de même au cours d’une intervention où elle a brillé par la précision et la sincérité de ses mots.
De quinze jours de négociations, on ne retient finalement que le discours d’une adolescente, bien plus fort que les faibles décisions prises par les représentants des gouvernements du monde entier.