L’équipe du blog lifestyle a rencontré Stefan Chaligné, grand amateur d’art spécialement passionné par un mouvement pictural des années 1960 : la Figuration Narrative. Ce courant est souvent relégué au second plan par le succès du Pop Art auquel il est généralement associé alors qu’il s’y oppose. Stefan Chaligné nous donne l’occasion d’en apprendre un peu plus sur un pan de l’histoire de l’art méconnu.
Le dernier whisky, 1960, Rancillac
Stefan Chaligné, qu’est-ce que la Figuration Narrative ?
Stefan Chaligné : On peut dater l’émergence de la Figuration Narrative à l’année 1964 où la ville de Paris organise au Musée d’Art Moderne une exposition baptisée « Mythologies quotidiennes » rassemblant 34 artistes parmi lesquels Rancillac, Monory, Télémaque et Klasen, qui deviendront les figures emblématiques de cette forme d’expression.
Cette exposition venait aussi en réponse à la 32ème Biennale de Venise qui, quelques mois auparavant, remettait pour la première fois son grand prix à un artiste américain, Robert Rauschenberg, couronnant ainsi le triomphe du Pop Art.
Quelles sont les caractéristiques de ce mouvement artistique resté dans l’ombre du Pop Art ?
Stefan Chaligné : La Figuration Narrative n’est probablement pas un mouvement, on ne trouve en effet ni communion de style, ni manifeste, ni contraintes en vue d’achever cohérence et unité. Il n’y a pas de points communs, au sens de la technique picturale, entre les scènes de meurtre monochromatiques de Jacques Monory reproduisant l’ambiance des thrillers des années 60, le grossissement d’un détail particulier dans les scènes de la vie quotidienne de Gérard Schlosser et les couleurs vives des mises en scène grotesques de dictateurs sud-américains par Bernard Rancillac.
S’il n’y a ni communion de style, ni manifeste, ni points communs techniques, comment définir la Figuration Narrative ?
Stefan Chaligné : On retrouve tout de même clairement un sens commun qui s’inscrit en totale rupture avec l’obsession de l’objet en soi, la désincarnation de l’environnement, qui caractérise à la même époque le Pop Art ; la Figuration Narrative s’inscrit dans la temporalité, l’embrasse, implique le spectateur, lui offre une histoire dont il peut écrire le scénario, à sa guise, avant ou après l’image fixe qu’il contemple. On est très loin de la froideur assumée, de l’aspect statique des compositions des disciples du consumérisme même si, trop rarement, la banalisation et le côté kitsch confine à l’ironie.
Selon vous, Stefan Chaligné, comment se situe aujourd’hui la Figuration Narrative par rapport à un art contemporain qui semble privilégier la performance abstraite à la représentation ?
Stefan Chaligné : L’avènement de la postmodernité aurait du enterrer la Figuration Narrative. L’ère du zapping, du flash, de l’image vidée de sens, s’épuise et comme le dit l’historien d’art Jean-Louis Pradel « à l’arrogance objective et muette des présentations pures et dures, répond désormais l’insolence subjective et bruyante de la représentation ».
Parions que la présence et la fréquence grandissantes des artistes de la Figuration Narrative dans les grandes salles de vente, les galeries d’art contemporain et lors des expositions majeures (FIAC, Grand Palais, Centre Pompidou) sont des signes qui vont au-delà de la reconnaissance culturelle et commerciale. Voyons-y plutôt un fort désir de retrouver l’humain dans l’art après des années d’escroquerie visuelle.
Ça sent bon, 1987, Schlosser
Il est si rare de trouver des articles sur la figuration narrative qui a effectivement été complètement éclipsée par le pop art comme le dit bien Stefan Chaligné. Parmi les autres grands noms de la figuration narrative, on pourrait aussi citer : Arroyo, Berthelot, Bertini, Fahlström et bien d’autres……
je ne connais pas ce mouvement mais je vais suivre l’avis de ce stefan chaligné et m’y intéresser…… ca a l’air pas mal.
Moui, en général, quand un mouvement est méconnu comme ça, il y a souvent une bonne raison. N’en déplaise à Stefan Chaligné, le pop art est quand même bien plus puissant que la figuration narrative.