Grâce à un talent incontestable et à une grande force de travail, François Alu a connu une ascension fulgurante au sein de l’Opéra de Paris, « premier danseur » depuis bientôt quatre ans. Pourtant, il aime prendre ses libertés avec la célèbre institution. Ainsi, il a présenté « Hors Cadre », le temps de deux représentations au théâtre Antoine. Le spectacle est monté en collaboration avec le chorégraphe Samuel Murez et le groupe 3e étage.
François Alu prend ses premiers cours dès l’âge de six ans auprès de sa mère, professeur de danse. Mais c’est à neuf ans qu’il se découvre une véritable vocation en voyant Patrick Dupond interpréter Basilio dans Don Quichotte. « Ça sautait partout, ça tournait, ça ressemblait à de la gym. Je ne voyais pas ça comme de la danse classique et ça m’a plu ». En 2004, il entre à l’école de danse de l’Opéra de Paris.
Entre discipline stricte et indépendance
En 2010, après avoir fait sa scolarité à l’Ecole de danse de l’Opéra de Paris, à Nanterre, François Alu intègre le corps de ballet à 17 ans et commence à se faire un nom pour sa prestation dans « Piège de lumière », un spectacle organisé par l’école de danse. Il devient premier danseur de l’Opéra de Paris seulement 3 ans en novembre 2013. Depuis, on a notamment pu voir le danseur dans les rôles de Djémil dans « La Source » de Jean-Guillaume Bart, ou encore dans celui de Siegfried dans « Le lac des cygnes » de Rudolf Noureev.
François Alu entretient un rapport particulier avec l’Opéra de Paris. S’il respecte à la lettre la discipline qui lui est imposée, il doit refreiner son caractère indépendant et son énergie. Il avoue d’ailleurs : « j’ai fondamentalement un souci avec les cadres et les règles ». Néanmoins, il conserve une grande admiration envers l’institution, où il trouve de nombreuses sources d’inspiration et y cultive l’excellence.
Aborder avec humour les thèmes oubliés de la danse
Avec « Hors Cadre » François Alu souhaitait montrer une facette plus proche de sa personnalité. Ce n’est pas un hasard s’il s’est entouré de Samuel Murez, qu’il côtoie depuis l’âge de 16 ans et certainement le chorégraphe qui connaît le mieux le danseur. Avec 3e étage, ils ont monté un cocktail transgressif, s’appuyant sur les talents de François Alu en danse classique mais aussi en hip-hop et en salsa, ainsi que sur ses envies d’exploration artistiques.
François Alu, Samuel Murez et 3e étage s’appuient sur des valeurs dans lequel ils croient profondément : virtuosité, émotion, excellence et théâtralité. Avec humour et autodérision, ils entendent aborder des thèmes récurrents dans leur milieu, mais ne pouvant pas rentrer dans le cadre standard d’un spectacle de danse : « l’ego surdimensionné des danseurs, le rapport à la nourriture, la passion dévorante et excessive, le milieu de l’entreprise de manière très large ».
Composer avec une direction plus classique
François Alu restera à l’Opéra de Paris : «Tant que j’y fais des trois actes et des créations, je m’y sens heureux ». Aurélie Dupont, directrice depuis août 2016, est plutôt ouverte aux expérimentations, même si, après Benjamin Millepied, elle est revenue sur des bases plus classiques. « J’ai envie que mes danseurs goûtent à un maximum de chorégraphies différentes, qu’ils se mettent en danger. Et surtout qu’ils dansent, sans avoir à attendre de remplacer un cygne ».
On devrait rapidement retrouver François Alu sur la scène de l’Opéra de Paris, dans Don Quichotte notamment. Le rôle de Basilio, qui l’a amené vers la danse et lui a donné son premier grand rôle, est taillé pour lui, sa virtuosité et son ardeur. Quoi de mieux qu’un récit chevaleresque et décalé pour illustrer la carrière d’un danseur à la recherche constante de nouveaux modes d’expression artistique et de prises de risque.