Chaque année en France, 10 millions de tonnes de nourriture sont gaspillées, ce qui représente 16 milliards d’euros selon une étude de l’ADEME et une perte considérable ! En février 2016, la France s’est engagée à lutter contre ce gâchis. Les pouvoirs publics ne sont pas les seuls dans ce combat. De nombreux acteurs de la nouvelle économie ont lancé depuis quelques années des applications mobiles pour limiter ce gaspillage alimentaire. Une des plus récentes, Too Good to Go, tout droit venue du Danemark se présente comme une entreprise sociale.
« Trop bon pour être jeté » voilà le mot d’ordre du projet lancé au Danemark en novembre 2015. Ce petit pays est en effet précurseur dans la lutte contre le gaspillage alimentaire. A Copenhague, la figure emblématique de cette “révolution contre le gaspillage” est Selina Juul, une activiste originaire de Russie. En 2008, elle lance son mouvement et, depuis le petit royaume du nord, a réduit de 25 % son gaspillage alimentaire.
Les principaux acteurs de ce changement sont les supermarchés qui acceptent de baisser le prix de vente de leurs produits lorsque la date d’expiration approche. Et nombreux sont ceux qui participent, avec la Banque alimentaire nationale, à la redistribution des invendus auprès d’associations pour les plus démunis.
Zéro-Gâchis made in France
En France, parmi les premiers engagés se trouvent les membres de la petite entreprise qui a développé en 2013 l’application mobile « Zéro-Gâchis ». Cet outil recense gratuitement les produits qui seraient presque prêts à être jetés mais qui peuvent encore être vendus… mais à prix cassés ! Certains acteurs de la grande distribution avaient déjà entrepris des campagnes de baisse de prix. Mais parce que ces actions avaient besoin de plus de visibilité, l’équipe de « Zéro-Gâchis » a entrepris de les recenser. A une autre échelle, l’application « Checkfood » permet d’être alerté de la date de péremption des produits stockés dans nos frigos.
Optimiam : acheter des produits menacés de finir à la poubelle
En 2013 apparaît « Optimiam », une autre application mobile permettant de recenser et d’acheter des produits frais mais périssables et menacés de finir à la poubelle. Elle s’adresse au départ essentiellement aux étudiants qui peuvent grâce à leur smartphone géolocaliser gratuitement les bons plans autour de chez eux. Sandwichs, viennoiseries, salades sont ainsi vendus à moindre coût, les commerçants s’étant au préalable abonnés au service « Optimiam ».
Qu’est-ce que « Too good to go » ?
Depuis juin 2016, avec le même objectif, l’outil « Too good to go » propose aux Français de connecter commerçants et citoyens afin de lutter ensemble contre le gaspillage alimentaire. L’idée est que l’achat se fasse juste avant la fermeture de la boutique. L’entreprise sociale récupère alors un euro sur chaque transaction.
Tout a commencé donc au Danemark et s’est ensuite développé en Norvège, en Suède, en Allemagne, en Suisse et au Royaume-Uni. En France, le projet porté par Lucie Basch a d’abord été lancé à Paris et à Lille et, après une campagne de financement participatif, des équipes sont aujourd’hui présentes dans 12 autres villes de l’Hexagone.
Ce développement fait écho à l’action des pouvoirs publics dans le cadre de la loi sur la lutte contre le gaspillage alimentaire adoptée en février 2016. De plus la mission environnementale est au cœur du projet « Too good to go ». Les utilisateurs sont ainsi appelés à utiliser leur propre boîte et certains commerçants partenaires utilisent les emballages « Too good to go » 100 % biodégradables. Un geste de plus pour la planète.
Et pour rendre l’expérience vraiment unique, « Too good to go » donne toute la liberté aux commerçants de dévoiler ou non le contenu de leurs invendus. C’est tout le concept de la boîte surprise ! L’idée n’est pas de commander un repas moins cher mais bien de lutter contre le gâchis.
Lutter aussi contre la faim
Une autre option pour faire une autre bonne action est possible directement sur l’application. L’usager peut faire un don de deux euros à partir de son mobile et ainsi offrir un repas à une personne dans le besoin. Un geste de plus mais les responsables sont clairs : à aucun moment l’entreprise ne souhaite, par cette option, concurrencer ou pénaliser les associations caritatives puisque ces dernières ne se déplacent en général que lorsqu’une grande quantité de produits est disponible.
2500 repas ont ainsi déjà été distribués grâce à « Too good to go ». Et pour rendre l’action totalement citoyenne, les utilisateurs de l’application sont même invités à participer aux maraudes organisées dans leur ville.