De plus en plus de voyageurs décident de changer leurs habitudes pour se déplacer de manière plus eco-friendly et être en accord avec leurs convictions environnementales. Pour les adeptes du mouvement « flygskam », pas de voyages en avion. Le train devient la solution privilégiée pour les déplacements professionnels et les départs en vacances. C’est le « trainbrag », ou la fierté de voyager en train.
Changer ses habitudes de transport
« Nous sommes inquiets pour le climat et nous avons voulu faire quelque chose de vraiment concret », explique Gino, adepte du flygskam. Il s’est « engagé à ne pas prendre l’avion cette année ». Ses prochaines vacances, il les passe à Turin. « C’est 37h de train, juste pour l’aller. Mais on n’a même pas regardé les vols. » Le transport aérien représente 5 % des émissions de gaz à effet serre et on prédit que le nombre de passagers aériens doublera dans les vingt prochaines années. Changer ses habitudes et entreprendre des actions personnelles concrètes. C’est la réponse proposée par le flygskam.
Les 30 et 31 mars derniers, s’est tenu à Stockholm un salon sur les vacances en train. À l’origine cet événement destiné aux adeptes du trainbrag, la Suédoise Susanna Elfors. Elle admet que l’offre de voyages ferroviaires a encore des progrès à faire. « J’ai réalisé qu’il y avait beaucoup à améliorer pour ceux qui voyagent en train : c’est difficile de réserver, il faut changer de train plusieurs fois ». Elle compte sur la communauté qu’elle a créée pour faire avancer les choses. « J’ai commencé avec un groupe Facebook qui compte 74.000 membres aujourd’hui. D’autres groupes se sont créés en Norvège et en Finlande. Ça continue à grandir ! »
Une communauté grandissante
Le mouvement est particulièrement populaire parmi les jeunes Suédois. Instagram compte de plus en plus d’influenceurs adeptes du phénomène et ils sont suivis en masse. Parmi eux, le compte suivi par près de 1,2 millions d’internautes, de la jeune militante Greta Thunberg connue pour son action « grève étudiante pour le climat » a grandement participé à rendre le mouvement populaire dès ses débuts.
Une autre Suédoise, la bloggeuse de voyage et activiste climatique Earthwanderess, forte de 505.000 followers, démontre également qu’on peut voyager à plein temps sans prendre l’avion et en minimisant son impact sur la nature. Son leitmotiv : « Travel without flying for the environment !»
Les compagnies aériennes low cost premières victimes du trainbrag
Et l’impact est là ! En effet le nombre de passagers aériens, sur certaines lignes intérieures, a commencé à baisser. En même temps la fréquentation des lignes de train reliant les principales villes du pays bat des records, tout comme celle des trains de nuit pour les longs trajets. Selon le quotidien suédois Svenska Dagbladet, la vente de billets Interrail a augmenté d’un peu plus de 60 % l’année dernière.
Le trainbrag aurait d’ailleurs fait ses premières victimes. Ainsi la compagnie indienne low cost Jet Airways, au bord de la faillite, a suspendu ses vols. Et il y a peu, WOW Air, compagnie à bas prix islandaise, a fait faillite. Selon les experts de l’aviation, cela est en partie dû au flygskam.
Ça n’est pas par hasard que le mouvement flygskam voit le jour en Suède. Dans ce pays aux longs hivers, les habitants prennent en moyenne cinq fois plus l’avion que leurs voisins européens. À cause de sa situation géographique, la Scandinavie est durement touchée par le changement climatique et la fonte accélérée des glaces. Aux côtés de la Finlande et la Norvège, la Suède compte déjà parmi les pays les plus respectueux de l’environnement au monde. Mais pour que cela ait vraiment un impact, il faudra alors que la « honte de prendre l’avion » s’étende à certains des pays gros pollueurs tels que les États-Unis, la Chine et l’Inde.