A soixante-quatre ans, Denis Bruckmann vient d’être nommé directeur général de la BNF. Une consécration pour un homme au parcours linéaire qui devra faire face à un défi complexe au cours des prochains mois : des financements en baisse et des espaces de conversation saturés.
Denis Bruckmann a effectué un intérim plus que convaincant à la direction générale de la Bibliothèque nationale de France (BNF). Six mois après sa nomination provisoire à la place de Sylviane Tarsot Gillery nommée directrice générale de la création artistique au ministère de la Culture, l’intérimaire vient d’être officiellement nommé directeur général de la BNF. Le président de la République Emmanuel Macron l’a officiellement intronisé au début du mois d’avril 2019 après que son nom ait été proposé par Laurence Engel, la présidente de la BNF.
Une progression linéaire
Né en 1955 à Strasbourg, Denis Bruckmann sort un peu de l’ombre à soixante-quatre ans et sa nomination fait figure pour lui de consécration après un parcours où il a franchi progressivement toutes les étapes. Après des études de littérature contemporaine et de sciences de l’information, il obtient son premier poste professionnel au sein de la Documentation française pour le secrétariat général du gouvernement. A 27 ans, en 1982, il intègre la BNF au département des estampes.
A l’occasion du bicentenaire de la Révolution française en 1989, il est nommé chef de projet du vidéodisque réalisé en collaboration avec le groupe Maxwell. Son attrait pour les nouvelles sources d’information lui permet de gérer des projets multimédias au sein de la BNF alors que le numérique n’a pas encore inondé le marché du livre.
Une longue expérience à l’international
Denis Bruckmann passe ensuite plusieurs années en Asie où il dirige la bibliothèque de l’institut franco-japonais de Tokyo. En parallèle, il pilote des activités culturelles et gère des missions de conseil sur les centres de ressources français situés en Asie. Il s’occupe également du réseau des médiathèques françaises à l’étranger.
Il retrouve finalement la BNF après ses années passées au Japon et abandonne les missions à l’étranger pour travailler dans plusieurs départements (audiovisuel, littérature et art). Il monte ensuite en grade en occupant un poste de coordinateur de l’ensemble des collections. En 2008, il est nommé directeur des collections et directeur général adjoint de la BNF, puis conservateur général des bibliothèques.
Par ailleurs, Denis Bruckmann prend le temps de collaborer à des ouvrages comme par exemple celui dirigé par Bernadette Dufrêne, « Numérisation du patrimoine : quelles médiations ? Quels accès ? Quelles cultures ? » au sein duquel, avec deux autres auteurs, il s’interroge sur la transition numérique du livre.
Une consécration et un cadeau empoisonné pour Denis Bruckmann
La nomination du nouveau directeur général de la BNF est perçue comme un cadeau empoisonné dans la mesure où le contexte général est très défavorable. Le gouvernement a récemment annoncé qu’il allait réduire des moyens déjà limités, ce qui impliquera une nouvelle réduction du budget.
Une annonce qui intervient alors que les espaces de conservation connaissent une saturation et que l’idée de faire construire un nouveau lieu est largement évoquée. Les principaux enjeux pour Denis Bruckmann seront donc de gérer ces deux problématiques majeures et de parvenir à trouver les financements pour la création d’un nouvel espace de conservation tout en permettant au fonctionnement courant de ne pas être impacté par la baisse du budget.