À l’occasion de sa réouverture, le musée Maillol présente la première exposition d’envergure consacrée à Benjamin Vautier alias Ben. L’exposition, « Tout est Art », qui a lieu jusqu’au 15 janvier 2017, donne un coup de fouet au musée Maillol qui a connu de fortes difficultés financières, entraînant sa fermeture en février 2015.
L’œuvre de Ben, célèbre depuis la fin des années 60, répond aux questionnements sociétaires actuels. Par leur facilité d’approche, ses écritures, installations, performances et produits dérivés touchent un très large public.
Ben, avant ici et maintenant
Benjamin Vautier se révèle dans les années soixante. C’est à cette même époque qu’il adhère au mouvement artistique allemand Fluxus. Ce dernier veut supprimer toute frontière entre art et vie. Il met en œuvre le banal et intègre le public. De plus il donne un côté éphémère à l’art. Un art qui, pour lui, serait présent en toute chose.
Dans l’œuvre de Ben, l’écriture est quasi omniprésente. Naïfs et familiers, ses écrits témoignent d’un esprit critique et remet en cause le monde. Ils soulèvent des questions capitales sur la vérité dans l’art. L’humour et la dérision utilisés aident le locuteur à poétiser la vie et émettre un regard neuf sur elle. Ses textes affectent, attendrissent, perturbent ou bouleversent. Ils sont écrits au présent et surgissent dans notre quotidien, ils sont donc plus que tout actuels et en adéquation à leur environnement.
Ben, un artiste engagé et en quête de nouveauté
Si on le connait aujourd’hui davantage pour la déclinaison de ses œuvres dans les rayons papeterie, l’art de Ben est beaucoup plus large que sa médiatisation le laisse penser. En effet, depuis le début de sa carrière Ben est en recherche de nouveauté. En 1959, il énonce d’ailleurs sa théorie du nouveau : « en art ce n’est pas le beau ou le laid qui comptent mais d’apporter du nouveau » affirmant également que « tout est nouveau et que tout est possible ».
Cette manière d’appréhender l’art s’applique dans tous les domaines pour Ben : religieux, politique, social, anthropologique… Ainsi, il répond aux questionnements actuels de la société tout en ouvrant des débats futurs. Ben est un artiste engagé et en quête de renouveau et de pacifisme depuis les années quatre-vingt.
En 1987, il rédige son manuscrit intitulé La première internationale ethniste. Une œuvre qui traite de l’ethnisme, une théorie géopolitique pour résoudre les conflits ethniques dans le monde et défendre le droit de tous les peuples à disposer de leur destin. L’artiste veut « proposer des moyens pacifiques et non violents pour la réalisation d’un monde où tous les peuples et toutes les cultures auront la tête hors de l’eau et pourront gérer leur destin ».
Ben sur la toile
Derrière son ancrage politique, Ben est aussi un artiste utilisant les nouveaux moyens de communication: réseaux sociaux, newsletters… Par ces moyens technologiques, il perpétue son travail et touche encore plus le quotidien de son public. En direct, son œuvre se renouvelle grâce à ces moyens de communication instantanés. Et il met en garde : « je donne mon avis sur tout ce qui se passe dans le monde sur mon site parfois je me trompe mais c’est la vie ».
Popularisé (trop ?) au moyen de nombreux produits dérivés, l’art de Ben, à la fois accessible et ancré dans la vie quotidienne, semble aujourd’hui indémodable.