A travers ses œuvres exposées en ce moment au Pôle international de la Préhistoire, en Dordogne, l’artiste plasticienne Agata Kawa invite le visiteur à repenser tant son humanité que son animalité.
Pour Agata Kawa, la nature est à la fois source d’inspiration et de matériaux pour ses œuvres. « Ma démarche artistique commence dans la marche en forêt, cette marche qui d’ailleurs pour moi fait partie intégrante de l’œuvre » livre-t-elle dans une longue interview accordée à mrmondialisation.org. Elle y glane des lichens, du pollen, de la terre, des branches voire du verre… tous éléments qu’elle intègre à ses œuvres. Des peintures qui représentent des humains au cœur de la nature, en étroite symbiose avec les animaux et végétaux. Son style délicat et raffiné évoque les estampes orientales.
C’est un aperçu de cette œuvre qu’elle expose depuis le 5 mai et jusqu’au 24 septembre 2016 au Pôle international de la Préhistoire, en Dordogne, sur cette terre qui est devenu sa terre d’adoption puisqu’elle a choisi d’y vivre. Sa rencontre avec l’art pariétal et rupestre, quelques années auparavant, fut en effet un tournant décisif dans la vie de la jeune artiste, qui en fut « à la fois fascinée et bouleversée ».
La place de l’homme au sein du Tout
Cette exposition solo présente trois séries d’œuvres qui se complètent et forment un tout cohérent, un ensemble « qui nous ramène toujours à la question de notre place au sein du Tout ». Car la jeune femme, à l’instar du philosophe Edgar Morin dont elle partage la vision, aime questionner la vie tout autant que peindre. Son œuvre est ainsi un manifeste pour la nature, et pour une humanité qu’elle voudrait moins anthropocentrée, moins matérialiste, plus animale, et qu’elle se plait à appeler notre « humanimalité ».
Agata Kawa propose au visiteur une déambulation sur trois thèmes, deux séries de dessins intitulées « Le (Re)devenir-animal» et « La Part du Monstre » et une série de sculptures : « Portrait d’une double énigme ».
L’artiste a commencé à exposer à Paris au début des années 90 dès ses études d’art terminées. Depuis 2013, elle renoue avec sa vocation première en se consacrant à temps plein à la création plastique (peinture et sculpture) après un parcours professionnel et créatif éclectique où elle fut tour à tour illustratrice tant pour des livres pour enfants que pour la prestigieuse maison de mode Chanel, directrice artistique sur des films d’animation, professeur pour adultes en dessin, peinture et sculpture.
Une passion pour la transdisciplinarité
Agata Kawa est passionnée de transdisciplinarité, et aime à nourrir son œuvre de l’exploration de champs aussi variés que la philosophie, l’éthologie, les neurosciences, la préhistoire, la psychanalyse…, « toujours dans l’esprit de re-lier le réseau complexe de relations – matière et esprit – entre les hommes et le reste du vivant ».
Cette facette intellectuelle d’Agata Kawa ne l’empêche pas pour autant, à l’heure de créer, de plonger dans ses rêves, qui font partie de sa matière première, pour en faire jaillir un univers onirique et féérique, une « alchimie poétique».
« Humanimalité, portrait d’une double énigme »
du 5 mai au 24 septembre 2014
http://www.pole-prehistoire.com