Décembre à Paris, c’est la ville qui scintille, les rues qui s’illuminent, mais aussi les galeries qui s’animent : l’occasion rêvée pour découvrir des artistes qui bousculent la photographie contemporaine. Cette année, un duo se démarque au sein des expositions parisiennes : Andres Serrano et Patrick Faigenbaum, deux photographes reconnus dont les œuvres, pourtant très différentes, dialoguent étonnamment bien. À la Galerie Nathalie Obadia, leurs univers se répondent et offrent au public une plongée puissante dans l’image, ses symboles et ses silences.
Andres Serrano : le choc maîtrisé
Avec Andres Serrano, impossible de rester indifférent. L’artiste américain est passé maître dans l’art de provoquer… mais toujours avec finesse. Derrière ses photographies parfois controversées, il y a un travail technique irréprochable et une réflexion profonde sur ce qui nous bouscule : le sacré, le corps, la violence, l’identité.
Serrano joue avec les codes de la peinture religieuse, détourne les icônes, interroge ce que l’on regarde — et surtout ce que l’on préfère éviter. Ses séries récentes mêlent portraits, compositions symboliques et images puissantes, toujours mises en scène avec une lumière presque théâtrale. Face à ses œuvres, on vacille entre fascination et inconfort, mais on revient toujours vers elles. C’est précisément là que réside son talent.
Patrick Faigenbaum : la poésie du réel
À l’opposé de l’explosion visuelle de Serrano, Patrick Faigenbaum cultive une photographie silencieuse, presque méditative. Lauréat du prestigieux prix Deutsche Börse et ancien pensionnaire de la Villa Médicis, il travaille l’image comme un peintre : lenteur, observation, profondeur.
Faigenbaum explore les territoires intimes — familles, villes, paysages — en leur donnant une aura à la fois documentaire et mystérieuse. Ses portraits, d’une sobriété remarquable, captent l’épaisseur des vies, des regards, des gestes discrets. Ses paysages, eux, semblent suspendus hors du temps, baignés dans une atmosphère douce et légèrement mélancolique. Une vraie respiration au cœur de l’hiver parisien.
Deux visions, un même pouvoir : raconter par l’image
Dans la même galerie, les œuvres de Serrano et de Faigenbaum se répondent sans jamais se ressembler. Le premier déstabilise, le second apaise. L’un provoque, l’autre suggère. Et pourtant, leurs photographies partagent une ambition commune : raconter des histoires, questionner notre rapport au monde et nous inviter, chacun à leur manière, à regarder autrement.
Que l’on soit amateur d’art contemporain, passionné de photographie ou simple curieux de passage à Paris, cette rencontre entre deux maîtres de l’image fait partie des belles découvertes culturelles de décembre. Une exposition qui montre que l’art peut être brut, délicat, frontal ou silencieux… mais qu’il parle toujours.
Infos pratiques
Actuellement à Paris, Andres Serrano et Patrick Faigenbaum sont à l’honneur dans une double programmation à la Galerie Nathalie Obadia – Cloître Saint-Merri. Du 10 novembre 2025 au 24 janvier 2026, Serrano présente A Personal Mythology : Immersions and Bodily Fluids (1986–1990), une exposition qui réunit une quinzaine d’œuvres issues de deux de ses séries emblématiques mettant en scène le corps, les matières et les symboles avec une intensité visuelle unique. Galerie Nathalie Obadia
Dans le même espace et durant la même période, Patrick Faigenbaum expose Paris, Saint-Louis, Santulussurgiu 2019–2024, une sélection de séries récentes, dont des images inédites qui célèbrent des lieux et des souvenirs intimes à travers sa photographie poétique et profonde. Galerie Nathalie Obadia
Ces expositions permettent de plonger simultanément dans deux approches très distinctes de la photographie contemporaine, dans un lieu emblématique du Marais parisien dédié à l’art international.
