David Toutain est une jeune star trentenaire de la gastronomie parisienne, auréolé de ses passages à l’Arpège, de la bonne presse reçue lorsqu’il dirigeait les cuisines de l’Agapé Substance, le Paris qui sort attendait avec impatience son lieu d’atterrissage.
Il s’agit donc de son premier restaurant en propre et il le clame haut et fort puisqu’il s’appelle en toute simplicité “David Toutain”. Ce pêché d’orgueil se retrouve dans la cuisine servie tout au long de la soirée dans un menu à 68 Euros qui comprend multitudes de plats et d’amuses-bouches.
La Cuisine de David Toutain
Techniquement, la griffe Toutain est bien présente, les cuissons, les bouillons et les mousses sont plus parfaites les unes que les autres. Là où le bât blesse, c’est dans la générosité et le plaisir pur que devraient déclencher une telle maestria. Le Chef attaque fort avec une mousse au chocolot blanc avec du salsifi pour vous mettre en bouche. Original ? Oui. Bien réalisé ? Certes. Intéressant. On peut en douter.
Si certains plats sont de vraies bonnes suprises, ils vous donnent globalement l’impression d’un exercice un peu forcé, d’une démonstration de compétences un peu lourdingue en mariage de saveurs : foie gras et anguille, chou fleur et vanille en dessert, etc.
Notre lecture de ce menu est clair : David Toutain (le chef comme son restaurant) se cherchent une identité. Nous essuyons en quelque sorte les plâtres d’un laboratoire qui a peut être ouvert un peu tôt. Si les plats se succèdent avec fluidité et sont irréprochables dans l’exécution, c’est l’intention qui laisse quelque peu à désirer. Oui ça émulsionne mais pour autant ça n’émotionne pas !
L’ambiance chez David Toutain
Le chef a fait le choix du 7e où il se retrouve en bonne compagnie d’ailleurs mais un peu coincé entre la cuisine généreuse et authentique de l’Ami Jean et la référence gastronomique incontournable que constitue aujourd’hui le restaurant de Jean-François Piège.
7e rime avec une clientèle globalement bien élevée et/ou étrangère, ce n’est donc pas un lieu festif ni même de préparation à la fête comme savent aujourd’hui l’être certains hauts lieux de la bistronomie. Le service est un peu coincé lui aussi, il se rôde, ne le stigmatisons donc pas.
La déco quant-à-elle, laisse perplexe. Ni moche ni vraiment réussie. On est surpris par les horribles tranches de tronc d’arbre sur les murs. Les plats et couverts font eux l’objet d’un soin particulier et appréciable. Ils sont adaptés à chaque met et contribue à améliorer l’expérience.
David Toutain : mon avis
Si le premier menu à 68 Euros (il en existe un à 98 Euros) est correct devant la profusion de plats et la qualité des produits, l’addition monte tout de même bien trop haut en raison d’une carte des vins aux tarifs excessifs. Pour peu que l’on apprécie d’accompagner son repas de quelques vins corrects, l’on se met alors à tutoyer des cimes disproportionnées en comparaison de l’expérience vécue, de l’émotion ressentie. L’on continue de croire dans le potentiel du Chef et du lieu mais il va falloir qu’il sache se recentrer sur le plaisir de ses convives et pas seulement sur sa volonté de prouver son originalité.
Mais n’est-ce pas d’ailleurs un écueil majeur pour tous les nouveaux restaurants qui ouvrent dans un Paris toujours plus concurrentiel et qui ne cesse de s’affirmer comme la Capitale à nouveau incontournable de la gastronomie mondiale ?
Restaurant David Toutain
29, rue Surcouf
Paris (75007)
TÉL : +33 1 45 50 11 10